Une image, une passion, ou une moto ?
Il est souvent intéressant de regarder aller les motocyclistes et de se questionner sur leur choix de monture et leur « style » de motocyclisme.
Et il m’arrive fréquemment de prendre le temps de discuter avec les motocyclistes que je croise. Et peu importe où ça se produit, je retrouve assez souvent les trois mêmes figures de style.
Il y a d’abord l’image. Oui, oui, l’image.
Il, ou elle, a un jour vu une image. Une image qui a fait effet.
Du type qui laisse une empreinte du genre : « moi aussi un jour je vais être comme ça… ».
Et sans vouloir faire trop dans la caricature, je retrouve ces images associées plus à une marque en particulier qu’à d’autres.
Que ce soit suite au visionnement du film Easy Rider, ou à un poster sur un mur, ou une photo dans un magazine, l’image est devenu une cible, un but, un objectif dans la vie, un reflet d’une personnalité à projeter.
Toujours sans vouloir trop donner dans la caricature, n’avez-vous pas déjà entendu quelque chose du genre … « je me suis enfin acheté une Harley ! ».
Pas une moto, mais une Harley. Et tout ce qui vient avec, du vêtement à l’attitude.
Une constatation secondaire à cette image est le kilométrage assez limité que montrent habituellement ces motos – pour plusieurs, on frotte l’image plus qu’on ne la roule.
Non, ces motocyclistes « image » ne sont pas limités à cette marque ou une autre, et oui, il y a certains amateurs de cette marque qui roulent beaucoup. Mais mettons que le constat est assez constant.
Ironiquement, on les retrouve aussi, dans une certaine mesure, chez les nouveaux propriétaires de BMW GS de tout acabit. Ils ont vu « Long way down », ou « up », ou « around », peu importe. Et s’ensuivent les images caricaturales de grosses GS alignées au Starbucks du coin. Fait intéressant, ceux-ci s’intéressent beaucoup plus aux choix de couleurs et aux groupes d’options scintillantes, ou "all black", qu’aux capacités particulières de leur GS.
Puis il y a la passion.
Il ou elle a un attachement passionnel à l’esprit motocycliste, à un certain type de motocyclisme, à des moments spécifiques.
Évidemment on pense tout de suite aux amateurs de hors route, ou les aventuriers. Ce n’est pas tellement l’image qui les caractérise, mais la passion, l’atmosphère du campement isolé, le partage des défis et l’entraide que la complexité de certaines randonnées oblige.
Bien sûr, les motocyclistes de passion ne sont pas limités au hors route. On les retrouve aussi chez les amateurs de longues distances par exemple alors que la moto, n’importe quelle moto, devient le vecteur de découvertes, de routes parcourues avec passion. On croise ces motocyclistes dans toutes sortes de contextes, mais une constante est qu’ils ne dépendent habituellement pas de « chums » pour prendre la route ou foncer vers une destination. C’est leur passion qui les anime.
Parmi les motocyclistes de passion on retrouve aussi quelques amateurs de motos sportives. Pas les têtes brûlées, mais ceux et celles qui ont cette passion de rouler en exploitant intelligemment la largeur de la bande de roulement des pneus, en déployant avec maturité la puissance de leur bolide au sortir d’un enchaînement de courbes. Ils sont habituellement faciles à reconnaître parmi d’autres amateurs de sportives … ils n’attrapent pas de contraventions à des vitesses hors du raisonnable et sont plus portés à discuter de courbes et de destination que des contraventions pour échappements illégaux.
Chez les passionnés, on retrouve aussi ceux et celles qui prennent plaisir à travailler eux-mêmes sur leur mécanique, qu’elle soit plus antique ou plus récente. Mais vous les verrez souvent discuter des vertus d’un carburateur par rapport à un autre, ou de la meilleure façon d’ajuster l’allumage.
Et finalement, on retrouve aussi des amateurs de moto, tout simplement.
D’emblée, ils et elles sont plus solitaires que les images ou les passionnés. Ici, le choix de la monture et les types de motocyclistes ne sont centrés que sur … la moto. Pas de marque particulière, pas d’attachement à une passion spécifique autre que de rouler en moto.
Et dans ce groupe, jamais personne ne regardera un autre motocycliste de haut, ni en « snobbant » une marque ou une autre, ni une aventure/destination – non, simplement le plaisir pur de la moto.
Pour beaucoup, ces type « motos » sont un peu introvertis. Et si vous n’allez pas vers eux, respectueusement, ils ne viendront pas d’eux-mêmes pour causer. Mais quand on les approche, c’est toute une aventure qui défile … on parle de mécanique, d’histoire, de rivalités, de victoires et de défaites … on parle de moto !
Bien oui, je suis plutôt un passionné … des longues distances !
Si vous suivez nos pages depuis un moment, ou si vous suivez mes aventures personnelles en moto, vous savez déjà que je ne suis pas du type image, ni simplement moto.
Ma moto, qui n’est pas un « bike » mais bien une moto, répond exactement à mes critères permettant de vivre ma passion. En passant de ma Goldwing à une GS Adventure voilà presque trois ans maintenant, je l’ai fait au regard de trois critères spécifiques :
– autonomie en essence (environ 600 kilomètres !)
– volume et facilité d’utilisation des valises (chargement par le haut)
– ergonomie et position de pilotage (oui, elle est plus confortable que ne l’était ma GL1800)
Que vous soyez « image », « passion » ou « moto », l’important c’est d’être heureux pour paraphraser un politicien. Et de demeurer en contrôle tant de la machine que de vous-même !
Soignez la passion qui vous anime,
ne vous perdez pas dans une image,
et prenez soin de votre moto !
Vous ne verrez plus jamais les autres motocyclistes de la même façon.
Gardez le sourire, soyez prudent(e)s.
Alain Labadie, Éditeur en chef et Pilote d’essai
MagazineMoto.com
Références des photos externes:
Easy Rider :
https://www.hollywoodreporter.com/movies/movie-news/easy-rider-review-movie-1969-1221117/
