Essai Yamaha Tracer 900 (seconde partie)
La première partie de cet essai est ici : Yamaha Tracer 900 (1)
Pour pilote confirmé(e)
Je vais tout de suite mettre quelque chose au clair : cette moto est pour pilotes confirmés, expérimentés et capables de gérer de la puissance et de l’accélération. Ce moulin de 3 cylindres en ligne incliné de 847cc, 12 soupapes, est une pure merveille et une source de plaisir incommensurable. Il arrache. La plage de puissance arrive assez tôt dans les tours/minutes et elle n’en finit plus de tirer. J’ai lâché la 2e vitesse à 140 km/h (chhhuuuut, faut pas le dire). Il en reste 4 autres ! La livrée de puissance est un crescendo de force brute jouissive. Dans presque toute la plage de révolution, il y a de la puissance et du plaisir. On se croirait sur une sportive pure. Le ratio poids/puissance est ahurissant. Elle déplace facilement ses maigres 214 kg avec ce moulin qui délivre 115 HP à 10 000 rpm! Le pot d’échappement 3-en-1 compact, monté bas sur le cadre, offre une sonorité proportionnelle à sa livrée de puissance. Tout doux à bas régime, il vous enchante à haut régime. Cela vient renforcer le sentiment de piloter sur une sportive.
Les vitesses se passent en douceur et avec une précision et une facilité déconcertante. Il y a peu d’effort à faire pour tirer l’embrayage. Si vous rétrograder trop brutalement, le système d’embrayage anti drible assisté entre en fonction. Ce dernier atténue les effets négatifs que le freinage moteur peut avoir sur la maniabilité et la suspension. Il réduit les soubresauts et les sautillements de la roue arrière lors des décélérations. Cela se traduit par un confort de roulement accru et des entrées en virage plus en douceur.
Avec 2 passagers sur la moto, pas besoin de téléphoner d’avance pour dépasser. Je peux facilement imaginer qu’avec des valises bien remplies en mode tourisme, pas de soucis pour les manœuvres de dépassement. Elle regorge d’énergie. N’oubliez pas de prévenir le/la passager(ère) de vos manœuvres de dépassements. Il/elle pourrait être surpris(e) de l’accélération.
La moto est facile à enfourcher. La selle se situe à 850 ou 865 mm. C’est facilement réglable par une plaque sous la selle du pilote. Pas besoin d’outil. J’ai opté pour la position basse. La prise en main est facile pourvu que l’on prenne 5 minutes pour faire le tour des différents boutons et commandes. Le tableau de bord est complet, mais encore faut-il prendre le temps de l’apprivoiser un peu. La mise en équilibre est facile pour une 847 cc. Les 2 pieds touchent facilement le sol. Les miroirs permettent de bien voir derrière sans trop encombrer le champ de vision.
Maniabilité
Les routes des grands espaces du Québec et de l’Amérique du nord ne sont comme les courbes en épingle des Alpes. C’est certain que l’on veut une moto maniable. Le contraire serait un peu insensé. Mais quand on réalise qu’on peut rouler plusieurs heures sans vraiment tourner le guidon (autoroutes 20 et 40), ce volet n’est pas ma priorité pour choisir une sport-tourisme dans la belle province. D’autant plus que les montures de cylindrée intermédiaire sont plus légères que les grosses cylindrées, donc pas trop de soucis à ce niveau. Les masses sont bien équilibrées. Le moteur compact n’influence pas négativement sur la charge à porter. La moto est agile et se met facilement à angle pour les courbes. Elle semble plus petite qu’elle ne l’est réellement. Le contact avec la route m’a toujours semblé ferme; pas de sursaut, pas de louvoiement, pas de zone grise où tu te demandes ce qui se passe. Tout est bien maitrisé.
La protection contre les éléments est adéquate pour le haut du corps seulement. La forme aérodynamique du réservoir protège bien l’assise du pilote. Le parebrise relevé au maximum procure une bulle sans turbulence. Les jambes demeurent sans protection. Une journée de pluie en tourisme, ça arrive. Un carénage plus bas, voire complet, serait un atout appréciable. Les protège-mains protègent bien contre le vent, la pluie et les cailloux de la route. C’est le genre de petit détail, peu onéreux, qui s’additionne aux autres petits détails et qui fait peser dans la balance du confort et du plaisir global de piloter cette moto.
La manette de frein est ajustable en 5 positions pour s’adapter au gabarit des mains. C’est curieux que la manette d’embrayage n’ait pas cette roulette d’ajustement.
La direction est saine, droite, franche. Avec un angle de chasse de 24 degrés, c’est très réactif et sportif comme comportement. Je n’ai pas noté de sous ou sur virage. La suspension avant est munie d’une fourche inversée de 41 mm, réglable avec un débattement de 137 mm. Chaque bras de fourche est équipé d’une vis de réglage de la précontrainte de ressort. Le bras de fourche droit est équipé d’une vis de réglage de la force d’amortissement à la détente. La suspension arrière est de type Monocross à tringle, réglable avec un débattement de 130 mm. Pour la suspension arrière, le combiné ressort-amortisseur est équipé d’une bague de réglage de la précontrainte de ressort et d’une vis de réglage de la force d’amortissement à la détente. Ces ajustements sont précieux si l’on passe de conduite sportive sans passager à conduite tourisme avec passager et valises bien garnies.
Des boutons de réglage de faisceau des phares permettent de relever ou d’abaisser la hauteur du faisceau des phares. Le réglage du faisceau des phares pourrait s’avérer nécessaire afin d’accroître la visibilité ou afin d’éviter d’éblouir les automobilistes lors de modifications de la charge. Cette Tracer a définitivement plusieurs tours dans son sac pour sa double vocation.
Il y a un mode ECO.
Selon le manuel du proprio, l’indicateur d’économie s’allume lorsqu’on adopte un style de conduite soucieux de l’environnement, qui limite la consommation de carburant. Je n’ai pas trop compris l’algorithme de calcul derrière ça. Je crois que c’est plus un gadget qu’autre chose. Mais ça ne nuit pas.
Le coup d’œil est agréable. L’appartenance sportive transcende. Même sans valise, elle est belle, ce qui est plutôt rare.
En rafale
Voici quelques points dignes de mention qui font de cette monture, un choix plus qu’appréciable :
- Prise accessoire de 12 volts, parfaite pour un GPS.
Une autre bonne idée pour le tourisme. - Béquille centrale pratique, qui facilite l’entretien de la chaine
- Fixations intégrées pour les coffres latéraux
- Freinage antiblocage ABS livré de série
- Boîte de vitesses compacte à 6 rapports
- Entrainement final à chaine
- Un filtre à huile vissable jumelé à un bouchon de vidange à accès facile signifie des vidanges d'huile rapides, sans histoire.
La Tracer 900 revient en 2019 en version standard, en plus d’une mouture GT incluant les valises latérales rigides, poignées chauffantes, écran d'instruments couleur TFT, sélecteur de rapport Quickshifter, et d’autres accessoires.
Yamaha Tracer 900 GT 2019 (Photo : Yamaha)
Saviez-vous que Yamaha propose le modèle Tracer 700 et Tracer 700 GT en Europe, mais pas de ce côté-ci de l’Atlantique ? Elle est basée sur le même moteur bicylindre parallèle de la XSR 700, et une future Ténéré 700 (tourisme/ aventure). Mais ça, c’est une autre histoire. Une autre prémonition peut-être…
Tracer la ligne
A-t-elle sa place dans la catégorie sport-tourisme ? Allons-y par élimination. Si elle n’est pas dans cette catégorie, dans laquelle pouvons-nous la mettre ? Sport : il y a déjà la MT-09. Sportive classique : il y a la XSR900. Tourisme : eeeuuh non, car trop sportive et le confort n’est pas tout à fait au poil pour les très longs trajets. La Niken est dans une catégorie à part, avec ses 3 roues. Utilitaire : ho non. Elle est loin d’être une moto régulière pour débutant. Roadster : peut-être pour la puissance mais trop bien équipée.
Avec sa puissance, pas de doute pour son volet sportif. Presque trop. Coté tourisme, ses différentes composantes ajustables telles le pare-brise, le guidon, la selle, le mode de conduite, d’antipatinage, la prise pour le GPS, les fixations intégrées pour les valises, son instrumentation des plus complète et personnalisable font que je penche pour l’accepter dans la catégorie, mais à une condition : il faut agrandir l’éventail de la catégorie de cylindrée intermédiaire et ‘Tracer’ la ligne du coté sportif encore plus loin.
Dans le fond, une catégorie, c’est juste une étiquette. On se ferme les yeux et si on se voit en mode sportif ET tourisme sur cette moto, c’est gagné. La Tracer 900 vous y conduira avec des sensations exaltantes. Yamaha réussi encore à nous surprendre avec une moto performante qui redéfini sa catégorie, en évoluant et se renouvellent constamment pour le plus grand plaisir des motocyclistes.
J’ai apprécié découvrir cette variante puissante et stable. Moi qui aime l’accélération. Je me suis gâté. Son équipement m’a convaincu de sa maturité et des ses ambitions.
J’aime :
- Puissance ahurissante du moulin.
- Large plage linéaire de puissance
- Tableau de bord vraiment complet.
- Parebrise ajustable
- Sécuritaire (Freins ABS, contrôle antipatinage et de la livrée de puissance)
- Bon rapport qualité/prix.
- Plusieurs ajustements/détails pour la double vocation.
- Facilité à manœuvrer
- Plaisir de conduite
J’aime moins
- Carénage complet serait apprécié pour accentuer le volet tourisme
- Régulateur de vitesse (cruise control) non disponible
- Utilise de l’essence super sans plomb ($)
- Valises en sus sur ce modèle.
La fiche technique sur le site de Yamaha Canada est ici : Yamaha Tracer 900 2018
MagazineMoto.comMagazineMoto remercie Yamaha Motors Canada pour la disponibilité de cette moto.