Essai – Kawasaki KLR 650
Première danse et dernier tour de piste
Comment aborde-t-on le sujet d'un essai routier d'une moto qui est un classique et qui n'a pratiquement pas changé depuis près de 10 ans. Comment vais-je faire pour intéresser les lecteurs et lectrices à cette moto de type double-usage. Elle n'a pratiquement pas changé depuis sa dernière mise à jour significative en 2008.
À part une mise à jour avec le modèle 2014 ½.
La fourche avant de 41mm a été améliorée pour offrir plus de fermeté (41%) et un amortissement plus contrôlé (27%). À l’arrière aussi où la suspension Uni-Trak a vu la résistance du ressort augmentée de 63% tout comme le contrôle de l’amortissement a aussi été amélioré (83%). À la même occasion, la portion avant du siège a été rétrécie un peu et l’arrière de celui-ci a été légèrement élargi.
La KLR 650 a vu le jour en 1987…oufff il y a 31 ans. C'est ce qu'on pourrait appeler un classique du monde de la moto. Kawasaki la décrit comme une moto à tout faire. Beaucoup la connaisse dans le monde du hors-route mais il reste encore bien des motocyclistes qui ne sont qu'à leur début dans ce domaine et ainsi sont peut-être sur le point de la découvrir. Partout où je suis passée avec la KLR 650 durant mon essai routier, elle a fait jaser; je vais y revenir plus loin car j'ai recueillis quelques anecdotes et témoignages. Chose certaine elle est appréciée.
Elle est même devenue la moto double-usage la plus vendue en Amérique !
Mon essai a commencé comme tous mes essais routiers. On prend contact avec la moto avec les papillons au ventre et un sentiment de privilège d'avoir une telle chance de pouvoir faire des essais de motos flambant neuves. Je rencontre tellement de gens qui me disent qu'ils ont acheté une moto sans l'avoir essayée et qu'ils ont lu ou attendent de lire les essais routiers pour se faire une idée…ce qui ajoute une pression à la responsabilité que je ressens lorsque j'écris mon compte-rendu d'un essai. C'est un pur plaisir de découvrir et faire la connaissance d'une nouvelle moto et là la fameuse KLR 650 dont tellement de gens m'avaient parlé, et même suggéré, pour commencer dans le monde du double-usage. J'ai maintenant la chance d'en faire l'essai.
Déjà le démarrage mérite une petite touche simple d'attention… c'est une moto à carburateur et c'est un choix que Kawasaki a fait de le garder, même si plusieurs lui reproche d'avoir gardé ceux-ci. Mais c'est une technologie simple et efficace qui a fait ses preuves en plus d'être très peu coûteuse… personnellement j'adore. Ça demande une petite oreille attentive pour le démarrage, juste le bon dosage d'air-essence et voilà la moto vrombit … Et que les essais commencent.
Au premier contact on sent que c'est du solide. J'ai même eu l'impression d'être assise sur un char d’assaut par moment et prête à participer à mon premier rallye de moto…hummm sûrement ma trop grande imagination qui me joue des tours.
Concentre toi fille tu as un article à écrire…Le son du monocylindre est agréable sans être dérangeant. Le guidon large et de bonne hauteur nous fait nous sentir à l'aise immédiatement. Tout est simple et facile d'accès. Par contre la hauteur de selle me semblait un peu haute même si elle ne fait que 890 mm (35 po). Pour donner du confort à la moto la selle est large mais pour une femme de ma grandeur 1,68 m (5 pieds 6 pouces) ça aide pas vraiment lorsqu'on veut se déhancher pour enlever la béquille. Kawasaki avait déjà conçu la selle plus étroite vers l'avant mais pour ma grandeur ce n'est pas suffisant. Donc on a ajusté la précontrainte de la suspension arrière à la hauteur minimum, ce qui a grandement aidé pour au moins avoir le bout des orteils au sol qui est pour moi suffisant lors des arrêts avec la pointe du pied gauche au sol.
Kawasaki Canada nous a prêté une belle KLR 650 de couleur jaune perle solaire qui rayonne et est très visible. Ça se rapproche du jaune de la couleur des lignes sur la route ce qui fait très étrange lorsqu'on roule la moto sur une route asphaltée…une impression de rouler sur la ligne médiane….hahaha!!! Elle est aussi disponible dans le noir éclatant métallisé. Elle est arrivée assez bien équipé des sacoches de transport, des rangements très variés mais surtout des plus pratiques. Facile à installer, facile d'utilisation et tout autant facile d'entretien. Par contre lors d'un voyage de 3 jours j'ai préféré utiliser mes propres sacoches de transport… simplement une question de choix personnel vu que je campais sous la tente et je voulais transporter mon équipement de camping. Le grand porte-bagages arrière facilitera grandement la fixation de mon équipement.
Dès les premières journées des essais, j'ai eu la possibilité de commencer mon essai sur une route très agréable tout près de chez moi où il y a plusieurs courbes et un sentier de gravier. C'est une moto tellement simple à conduire et très instinctive, rien de compliqué. Il n'y a aucune technologie d'appoint, donc pas anti-patinage, ni d'ABS… rien !
C'est la vraie expression: deux roues et un guidon, du plaisir pur et beaucoup de ressenti de la moto. La prise en main est facile et tellement simple. J'aime ce genre de moto qui se perd de plus en plus de nos jours et bien contente que Kawasaki garde son modèle tel quel. Surtout quand on pense à tout ce qu'on peut faire comme hors-route avec celle-ci et je crois que je ne suis pas la seule à aimer cette simplicité qui en fait une force chez la KLR 650. La mise en angle sur les chemins sinueux est agréable sans être une sportive, elle a une légèreté à négocier les courbes et ce malgré ses pneus Dunlop K750 pour double-usage. La hauteur de la moto nous donne cette facilité de s'amuser sur les routes asphaltées et sinueuses.
L'accélération est raisonnable et a tout ce qu'il faut pour une bonne entrée sur l'autoroute. Le monocylindre révolutionne à 4000 tours minute. Un peu vibreuse à plus haute vitesse mais on lui pardonne vu tout le potentiel de versatilité qu'elle nous offre.
D’ailleurs le concept du modèle selon Kawasaki:
"Que ce soit pour traverser la ville ou le continent en entier, sur les routes pavées ou les chemins de terre, la KLR650 revitalisée est une machine à tout faire qui adore voyager sur de grandes distances. La KLR650 est une moto double-usage qui raffole de tourisme comme nulle autre. Durant la semaine, la KLR650 peut jouer le rôle d’une compagne fidèle de vos déplacements quotidiens grâce à son agilité, à son aptitude à négocier les rues défoncées des villes et à la puissance de son gros monocylindre capable d’avaler des kilomètres d’autoroute. Mais quand vient le temps des grandes vacances, la KLR650 vous emmènera où peu d’autres véhicules osent s’aventurer. Son gros réservoir de 22 litres, sa frugalité et sa suspension à grand débattement rendent les longs voyages plus faciles que jamais. Que ce soit pour aller au coin de la rue ou faire le tour du pays, l’incroyable versatilité de la KLR650 en font la compagne de voyage idéale."
Partout où je suis passée avec la moto durant les essais routiers c’est ce que j'ai entendu de la bouche d'anciens propriétaires ou encore de propriétaires actuels de KLR 650. Elle a la fiabilité d'une enclume. Ça adonne bien je suis ancienne forgeronne et je comprends très très bien ce qu'est une fiabilité d'enclume et je confirme que tel est le cas. Mais une enclume c'est lourd. Hé oui la KLR pèse son poids 196 kg. qui est surtout placé dans la tête du moteur. J'ai eu vraiment une impression de conduire un char d'assaut prêt pour affronter tout et participer à un rallye et ce n'était pas mon imagination …haha !!!
Après quelques recherches sur le web, j'ai trouvé que la KLR 650 a fait partie du Légendaire Rallye Dakar à quelques reprises dont lors de son lancement et à la 12ième édition plus tard. Bien sûr c'était une version adaptée de la KLR pour le rallye avec des équipes indépendantes. Tout comme mon impression de char d’assaut n'était pas que mon imagination car le Corps des Marines de l'Armée Américaine (USMC) a utilisé une version de la KLR 650 avec de légères adaptations au cadre et qui fonctionne au diesel. C'est vraiment une moto polyvalente.
Durant mes essais routiers, je privilégie autant que mes horaires me le permettent, d'aller dans des activités de motos pour rencontrer le plus possible de gens et ainsi recueillir des avis, opinions et même parfois des anecdotes.
Bel adon, l'événement Touratech à Bromont qui avait lieu à la fin du mois août 2018. Une occasion de rencontrer des passionnés de hors route et double usage et surtout de rouler. La chance aussi de partir pour un séjour de 3 jours et camper sur le terrain et ainsi voir la capacité de la moto à recevoir mes bagages de voyage et d'équipements de camping. Alors c'est ainsi que je suis partie à l'aventure pour ainsi dire.
La moto se comportait vraiment bien autant sur l'autoroute que sur l'asphalte et dans les chemins de gravier – mais j'avais hâte de faire du sentier avec d'autres passionné(e)s.
Dès mon arrivée chez Touratech j'ai eu droit à un bel accueil. Voilà, moi une fille seule qui arrive avec ses bagages sur une moto jaune soleil et plaquée de l'Ontario…hihi ! Bien oui, il y a là de quoi faire jaser et initier les discussions à savoir pourquoi la moto est plaquée en Ontario mais qu'on parle Québécois pur laine…et moi de répondre :
« Je fais des essais-routiers pour MagazineMoto.com et Kawasaki Canada nous prête à partir de la maison mère cette magnifique KLR qui me permet de venir vous voir. »
Ainsi je me fais deux amis dans le stationnement Serge et Sylvain qui seront le lendemain 2 de mes 3 compagnons pour la randonnée du samedi. Hé voilà ma belle Hélène Boyer, une amie Facebook et une femme que j'admire pour son parcours de femme motocycliste. En plus d'être ancienne chroniqueuse moto, elle est co-auteure du livre Le Québec À Moto. C'est elle qui nous accueille chez Touratech à mon arrivée en me disant : "Héhé, une belle KLR ! Tu sais, on peut aller très très loin avec une KLR, y a même des gens qui ont fait le tour du monde avec cette moto !" Ouais, merci Hélène !
Ça me donnait la force d'affronter tout, car c'était le premier événement où je représentais MagazineMoto.com – seule avec des inconnus mais animés par la même passion…haha ! Les discussions et les rencontre ont continué toute la soirée, y compris la rencontre d'un ancien élève moto de route, Éric qui sera notre 4ième équipier le lendemain. Hé oui en tant qu'instructeur on trouve le monde petit quand on croise de nos anciens élèves et on est encore plus fiers de les voir évoluer dans le monde des motocyclistes après plusieurs années de permis moto.
Le lendemain matin on s'active et on se prépare. Marc Fontaine, le propriétaire de Touratech va me permettre de vivre un rêve; faire la randonnée au rouleau de navigation mieux connu sous le nom de " Road Book " et me sentir vraiment comme dans un rallye sur ma KLR….oh oui ! Je ne tenais plus en place, j'étais une fille tellement contente d'être heureuse. Marc me donne un cours en accéléré et m'installe le rouleau dans le boîtier qu’il me restera à fixer sur le guidon de ma moto. On m'a donné aussi les coordonnées d’une carte GPX pour suivre la randonnée via un GPS mais le " Road Book" est pour moi une belle opportunité de réaliser un rêve.
Alors mes 3 compagnons m'ont donné la charge d'être meneur du groupe …
Hô, vous êtes sérieux ou fous ! Ok, je veux bien commencer et on verra après !
Ça m'a mis de la pression mais j'ai relevé le défi par ce que je suis une personne qui arrive à sortir de ma zone de confort…et j'ai surtout confiance dans ma KLR.
Donc on a pris le départ à 4 avec nos motos et moi comme meneur qui ne connaissait rien du pilotage au " Road Book " avec seulement un petit cours en accéléré donné par Marc Fontaine et chevauchant une moto sur laquelle je n'avais que quelques centaines de kilomètres au compteur. Avec ma toute petite expérience de hors-route depuis le début de saison moto… ouf mais je me sentais prête pour affronter tout sur ma super KLR !
Elle a été au-delà de mes espérances…elle a passé partout et sa conduite instinctive m'a grandement facilité la randonnée. Sérieusement c'est une journée mémorable et je commence à comprendre pourquoi les gens l'aiment autant cette KLR.
Mais pourquoi les gens l'aiment autant ?
C'est tellement simple ! Autant que la moto l'est, et il ne faut pas chercher trop loin. Chaque fois qu'on a jasé autour de la KLR 650 durant mon essai routier les mêmes arguments revenaient: la mécanique simple, la polyvalence de la moto, la facilité de conduite, la disponibilité des pièces et son bas prix.
C'est une recette gagnante et Kawasaki l'a très bien compris.
Plusieurs personnes me demandent si j'arrive à pousser à bout une moto lors de mes essais routiers. Hé bien voilà, parfois non. Les constructeurs nous prêtent des motos flambants neuves et on doit les rapporter dans un bon état…alors non je n'ai pas fait du sentier de grosse boue visqueuse. Mais dans mon entourage rapproché, soit mon conjoint David, lui l'a fait avec son ancienne KLR 2008. David peut dire qu'il a appris ce que la KLR avait comme limite. Il m'a dit:
"Mylène, apprentissage 101 du hors-route. Quand c'est lourd ça s'enlise dans la boue et pars pas seule dans les sentiers hors-route."
Une image vaut mille mots…Le petit gars a eu bien des heures de plaisir seul à sortir sa KLR de là. Mais on peut dire qu'il a atteint la limite de la moto.
Voilà si vous avez l'intention de commencer dans le double-usage c'est définitivement une moto appropriée vu tous les avantages qu'elle offre par rapport à son prix de vente. Et vous vivrez certainement bien des kilomètres de plaisir à chevaucher la légendaire KLR 650. Il peut bien avoir des forums de discussions dédiés à ce classique des motos double usage et hors route. Ils ont même créé un nom pour ces mordus, ce sont des "KLRistes"
MagazineMoto.com remercie Kawasaki Motors Canada pour la disponibilité de cette KLR.
NDLR : Après l'essai et la rédaction de ce compte-rendu, les gens de Kawasaki Canada ont appris la nouvelle à l'effet que la vénérable KLR ne serait pas au catalogue en 2019 – probablement victime des normes Euro 4 et 5 – pratiquement aucun moteur à carburateur ne peut y arriver.
Le lien vers fiche technique Kawasaki Canada est ici : KLR 650 2018
Mylène Bolduc, Chroniqueuse, Pilote d'essai et Instructeur Moto