L’aventure est tout près.
Question de bien terminer la saison moto 2015, l’éditeur en chef nous demande de rédiger un dernier article à propos de notre coup de cœur en 2015. Pas trop de contrainte. Voyons voir… C’est certain que d’avoir la possibilité d’essayer plusieurs types de nouveaux modèles de motos est pas mal excitant en soit. Je dois avouer que la Roadmaster d’Indian m’a donné un excellent feeling. Tout comme le plaisir que j’ai eu à découvrir la moto de type double usage KTM Adventure 1190. J’en souris encore. Mais au delà de la moto, il y a le motocyclisme: ce que la moto nous apporte et nous fait vivre. Et cela est unique pour chaque motocycliste, en accord avec ses valeurs, aspirations et rêves.
Revenons donc au coup de cœur 2015. Ma randonnée la plus mémorable cette été. Hummmm. Pas facile. Mais une me revient plus particulièrement. Vous savez, ce genre de randonnée où il n’y a que les grandes lignes de planifiées, avec beaucoup d’espace pour la découverte, où est-ce que tout arrive à la bonne place au bon moment, que rien n’accroche.
Voila le contexte initial: dans la vie d’un(e) motocycliste, il arrive parfois qu’on est amené à faire apprécier la moto à sa nouvelle flamme. Elle n’a jamais fait de moto de sa vie, et ce n’est pas dans ses mœurs et coutumes non plus. Haaaa l’amour! Donc nous y allons progressivement: petites randonnées d’une heure, deux heures, demi-journée, une journée complète… On s’équipe avec le temps pour mieux apprécier ce loisir. On est rendu à l’étape de partir pour une fin de semaine. Étape cruciale selon moi: si un week-end ne passe pas le test, imaginez une semaine ! Vous me voyez venir. C’est pleinement assumé et je ne m’en cache même pas. Je m’informe de ce qu’elle aimerait voir ou faire pour cette randonnée, et je planifie en conséquence. J’ai comme réponse : de l’eau et de la nature.
Vous savez, lorsque cela fait plus de 30 ans qu’on sillonne le Québec, le nord-est américain et les quatre coins des États-Unis en moto, les randonnées d’un week-end, on les a pas mal toutes faites. Où aller pour rendre cette ballade mémorable et lui donner ce petit ‘oumphhh’ de plus qui fait qu’elle ressentira et appréciera un peu ma passion, et y adhèrera au travers de ses valeurs? Donc, on oublie les autoroutes et les grandes villes. Le Québec regorge de beautés et de secrets. Soyons créatifs…Google est mon ami.
Après quelques recherches, suggestions d’amis et demandes d’information, l’itinéraire se concrétise. Il ne faut pas négliger cet aspect de travail en amont pour augmenter la réussite d’une belle sortie.
Voici l’itinéraire.
Samedi matin, en partant de la région de Québec, je monte vers la région du Saguenay. Depuis que la route 175 est totalement à 2 voies de largeur dans chaque direction, elle est des plus appréciables. Le parc faunique des Laurentides présente de beaux panoramas diversifiés, la route est belle et pas ennuyante du tout. Il y a beaucoup de lacs, des montagnes, des changements d’altitude qui font ressentir les effets de la nature. La végétation se module en fonction des ces éléments.
Pas besoin d’arrêter à l’étape, à mi-chemin entre Québec et le Saguenay. Mais c’est toujours pratique de savoir que c’est sur la route. Le café comporte plusieurs propriétés. On casse la croûte au Saguenay. La température se réchauffe, on enlève une pelure. Je me dirige vers la route 172 pour revenir vers Tadoussac.
Cette route est une de mes favorites. On longe le Fjord, le bitume est beau, beaucoup de courbes dont quelques unes fortes intéressantes, pas de trafic, les montagnes escarpées. On croise plusieurs groupes de motocyclistes avec les traditionnelles salutations d’usage. Ça impressionne quand on n’est pas habitué. Et pas de gros camions lourds sur cette route. La joie! On enlace St-Fulgence et Ste-Rose du nord. On perd le contact avec la civilisation. Juste la nature qui défile. Je mets le paquet pour la grande séduction et je fais jouer sa musique favorite dans la radio de la moto. Cat Stevens est notre co-pilote du moment.
La température collabore bien: pas trop chaud, pas trop de vent. Idéal quoi. On arrête grignoter le temps d’une pause, une gorgée d’eau, je m’assure de son confort et bien-être, un bisou et une photo.
On arrive à destination pour la première journée. C’est beau la nature et le camping mais pour ce qui est de dormir au sol sur un petit matelas: « been there, done that ». Notre ‘Taj Mahal’ est une bulle transparente dans les arbres à Sacré-Coeur. C’est environ 15 minutes au nord de Tadoussac. Nous dormirons aux cabanes perchées dans les arbres, oui Madame ! Voici le site internet http://www.canopee-lit.com/. On a la bulle numéro 8.
On se ramasse donc à environ 7 mètres dans les airs, comme un nid d’oiseau futuriste. Vraiment unique ! Grâce à la translucidité de la bulle, on voit très bien à l’extérieur. La bulle est pressurisée avec un sas d’entrée. C’est propre et ça sent le bois. L’expérience s’annonce des plus excitantes.
Voici un aperçu de l’intérieur de la bulle
C’est très confortable, avec une bonne couette chaude, l’électricité, de l’éclairage et la toilette au pied de l’escalier.
Voici une vidéo de l’intérieur de la bulle :
C’est vraiment une sensation unique. Il y avait un peu de vent donc les arbres et les feuilles autour de la bulle bougent légèrement, les oiseaux passent et s’arrêtent à notre hauteur.
On cherche un endroit pour aller souper. On nous informe à la réception du camping qu’il y a une marina tout près qui donne sur le fjord avec un resto sympathique. On prend la moto on y va.
Effectivement une autre belle découverte que cette marina. Je passe par la route 172 de temps à autres car c’est une belle boucle que j’aime faire. Je ne m’étais jamais arrêté à la marina de L’Anse de Roche. C’est maintenant ajouté à ma liste des bonnes adresses.
Le restaurant possède une vue sur le fjord des plus impressionnantes.
Nous sommes accueillis chaleureusement et l’atmosphère est conviviale. Très bonne bouffe, le choix est intéressant sans être trop élaboré, le service très courtois et personnalisé. On a du temps devant nous. La vie est bonne.
Pendant que l’on prend l’apéro, un ami s’invite sur le quai pour la pose photo.
Il y reste une vingtaine de minutes. ‘Qu’il est cuuuute!’ Et voila, c’est dans la poche. La magie du voyage en moto fait son œuvre.
La journée avance. Des kayakistes se préparent pour aller admirer le coucher du soleil sur l’eau. C’est très calme et zen comme endroit. Après le souper, on descend vers le bord de l’eau, bien repus, les yeux dans les vagues, les rayons du soleil scintillent sur les vagues créées par la douce brise d’été. Vous voyez le genre… C’est à ce moment qu’une autre surprise survient. Un musicien se met tout bonnement à jouer du saxophone inspiré. Sa musique langoureuse se mêle au coucher de soleil et aux clapotis des vagues. C’était magique. Nous sommes condamnés au bonheur…
On s’en retourne dans nos quartiers. La nuit tombe. Nous sommes chanceux car le ciel est dégagé. Par la bulle transparente, on voit les étoiles. Pourquoi se contenter d’un hôtel 5 étoiles quand on peut en avoir des centaines? L’ambiance ressemble beaucoup à dormir à la belle étoile sans la rosée et les bestioles de tout acabit, sous une couette toute douillette. L’expérience vaut le détour. Le matin venu, on se réveille au son du tambourinement de l’impact des gouttes de pluie sur la bulle. Comme de la musique. On s’est collés un peu plus, comme si c’était possible! Il y a de ces moments où l’on mettrait la vie sur pause pour la pour savourer davantage…
On va déjeuner au camp principal du camping, à pied. C’est très rustique et cela ajoute du charme à ce voyage de découvertes. Je vous suggère de payer l’extra pour le petit déjeuner tout inclus. Le déjeuner de base est très nature: yaourt, mélange de noix, condiment maison, café, jus, etc. Très nutritif mais pas dans mes objectifs de repas en voyage. On plie bagage et on prend la route. Pas pour longtemps car on embarque sur le traversier tout près de Tadoussac par la route 138. C’est toujours agréable de prendre un traversier en moto. On discute avec d’autres motocyclistes. L’idée de revenir dans la région pour observer les baleines est initiée. C’est un bon présage.
On reprend la route, direction Baie St-Paul. Rendu à St-Siméon, on prend la route 362 qui longe le fleuve en passant par St-Irénée. La courbe prononcée à l’entrée de cette ville doit être négociée prudemment. On en profite pour faire un arrêt sur la plage de cette petite ville en bordure du fleuve. Plus loin, encore de merveilleux paysages entre montagnes et vues sur le fleuve. Tiens, une indication pour l’Ile-aux-Coudres. Une autre destination de voyage moto s’initie…
On arrête dîner sur une terrasse à Baie St-Paul. Encore une fois, une bonne bouffe dans une belle atmosphère de vacances. On marche un peu après, on fouine en ville. Il y a quelques ateliers, antiquaires et brocantes qui sont ouverts. On achète du chocolat et on amorce le retour au bercail.
Mission accomplie!
Voyager en moto sur plus d’une journée est agréable, sécuritaire, amusant et plein de belles découvertes. J’ai été chanceux un peu, je dois l’avouer. La température idéale, la route agréable, pas de mauvaise surprise sur la route. L’expérience de la bulle a été au-delà de mes attentes. Le phoque et le joueur de sax sur le bord du fjord ont vraiment apporté la touche magique recherchée. Et c’est ça l’aventure et les joies de la moto. Des moments ‘coup de cœur’ assurément. On est prêts pour une longue fin de semaine de 4 jours. Yesssssss week-end!!!
Martin Dupuis
Collaborateur, MagazineMoto.com