Essai Yamaha/Star Eluder 2018 – Classique et résolument moderne !

Essai Yamaha/Star Eluder 2018 – Parfaitement classique et résolument moderne !

Il y a des fois où j’aime me confronter à des limites. Et manifestement les gens de chez Yamaha aiment ça aussi.

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Depuis quelques années, il y avait comme une certaine stagnation dans le créneau des motos disponibles dans le créneau du tourisme léger – on ne parle pas ici de la légèreté des machines elles-mêmes, mais plutôt de leurs aspirations à supporter des longues aventures sur la route.

On peut bien sûr prendre la route avec n’importe quelle moto, mais il en est qui se prêtent mieux à voyager loin et longtemps. La catégorie des « baggers » n’est pas nouvelle, mais c’en est une où il y a eu récemment des nouveautés intéressantes.

Et parmi ces nouveautés, il y a justement la Eluder de Yamaha.

Yamaha a innové avec la sortie de la nouvelle Venture (reportage à venir), et comme le font d’autres manufacturiers offrant des machines résolument destinées au tourisme plein format, ils en ont dérivé une version un peu plus « légère ».

C’était prendre des risques … le nom de Venture est associé aux motos de tourisme toutes équipées… depuis très longtemps. Mais voilà que depuis quelques années les amateurs étaient restés sur leur faim.

La Eluder est le fruit de la création d’une toute nouvelle Venture chez Yamaha – avec un focus particulier. Qui aurait cru qu’un manufacturier allait se lancer à nouveau dans ce créneau avec un bicylindre en « V » ?

Yamaha l’a fait, et avec un grand succès !

Bicylindre tout à fait moderne.

À la base de cette moto, un nouveau moteur. Avec tout ce que la science et l’électronique modernes peuvent y apporter. Il peut, aux yeux de certains, ressembler aux précédentes générations de bicylindres chez Yamaha. Ne vous laissez pas berner. Malgré ces apparences classiques, ce moteur est plus moderne que celui de la plupart ces véhicules automobiles sur la route aujourd’hui. Tout en étant refroidi à l’air – un tour de force !

Classique et moderne à la fois.

Commençons par le début. C’est un bicylindre en « V » refroidi à l’air, avec 2 arbres à cames au carter qui anime des poussoirs hydrauliques, qui eux entraînent des tiges poussoir classiques, qui elles actionnent 4 soupapes par cylindre. Parfaitement moderne et classique à la fois !

Ce moulin génère son couple maximal dès 2500 tours/minute et sa puissance maximale à 4500 tours/minute – parfaitement classique et moderne à la fois !

Ajoutez à cela la commande des gaz YCC-T sans câble, un module de contrôle offrant 2 modes de livraison de la puissance, l’anti-patinage et l’antidribble (glissement contrôlé de l’embrayage lors des rétrogradations), un embrayage avec assistance hydraulique et j’en passe. Dans les faits, il n’y a pas si longtemps, on se serait étonnés de trouver tous ces systèmes sur une moto sport de haut de gamme. Parfaitement moderne !

Une gueule unique et moderne.

Il n’y a pas si longtemps, une moto de ce type aurait eu un petit bout de carénage avec un phare ridicule. Et voilà où Yamaha a osé pousser encore plus loin.

Le carénage est non seulement parfaitement réussi, mais il est redoutablement efficace. Ni turbulences, ni bruits parasites. La disposition des 4 phares est une des signatures visuelles qui démarquent l’Eluder et sa sœur la Venture – et qui participent à rendre la moto visible sur la route. Au-delà de l’esthétique, les phares sont fort efficaces !

Et derrière ce carénage, un tableau de bord aussi complet que réussi. Les cadrans, indicateurs et autres témoins sont esthétiques, lisibles, et ils offrent toute l’information nécessaire … et même plus !

Autre exemple … l’intégration du bouchon de remplissage de carburant. Il est situé derrière un panneau parfaitement intégré entre le guidon et le siège. Pour le non initié, pas facile de trouver comment l’ouvrir. Mais le résultat, autant esthétique que fonctionnel est excellent.

Tout ça dans un châssis réussi !

Une telle mécanique ne saurait donner sa pleine mesure sans un châssis à la hauteur. Un autre succès pour Yamaha. L’unique amortisseur arrière est disposé à l’horizontale sous le moteur et il offre un réglage hydraulique de la précontrainte. Les masses sont centralisées, le centre de gravité est rabaissé. Les suspensions à l’avant sont aussi réussies.

Les freins sont liés et contrôlés par un système de répartition de la puissance de freinage intégré au système ABS. Encore ici, ce sont des systèmes que l’on trouverait sur une machine sport de haut de gamme.

Et de la place pour les nécessités.

Ce modèle est équipé de valises latérales offrant un total de 70 litres de volume de chargement. Elles sont pratiques, bien faites, et faciles à utiliser. Par contre, il faut porter une certaine attention lors de la fermeture … il nous est arrivé de les avoir mal fermées alors qu’au premier coup d’œil elles semblaient avoir été bien fermées.

Bon, et puis sur la route ?

En ville, comme tous les bicylindres en « V » refroidis à l’air, il y a un dégagement important de chaleur à la jambe gauche. Ça devient vite incommodant.

Il y a des ouvertures modulables de ventilation au bas du carénage. Cette solution est efficace dès que la moto est en mouvement. Sur la route, alors que la circulation de l’air évacue la chaleur, c’est beaucoup plus confortable.

Parlant de confort, la selle est généreuse et accueillante, façonnée un peu comme le creux d’une main. Très confortable initialement, elle le devient un peu moins lors de plus longs parcours.

Le carénage offre une excellente protection et canalise le vent de façon efficace sans être trop dans le champ de vision. Sur l’Eluder, le pare-brise est fixe.

La note de l’échappement est très agréable, juste assez rauque et présente pour ajouter aux sensations typiques d’une monture de ce type.

Les freins sont puissants bien qu’ils demandent une période d’adaptation pour arriver à les moduler correctement. L’ABS est très efficace, mais les sensations renvoyées au pilote sont fort différentes de ce que l’on peut ressentir sur d’autres motos. Si vous faites l’acquisition d’une Eluder, offrez-vous une petite séance de familiarisation avec les sensations qu’offrent les freins – surtout en situation de freinage d’urgence où l’ABS intervient.

Relations avec la technologie

Tout fonctionne, et fonctionne très bien. Mais certains sous-systèmes demandent un peu de familiarisation. Bienvenu à la génération Nintendo !

Les boutons présents sur les modules de commandes, tant sur la poignée de gauche que celle de droite, permettent de tout faire (ou presque). Mais comme c’est souvent le cas sur les motos modernes, il est parfois nécessaire de naviguer dans plusieurs couches de menus. Heureusement, la navigation est affichée au tableau de bord dans le grand écran. Il est donc facile de savoir où on est rendus … mais certaines fonctions sont plus complexes à atteindre et à gérer. Les plus jeunes s’y retrouvent plus facilement semble-t-il. Étant plus « vieux », il y a certaines fonctions que je verrais mieux être associées à un bouton d’accès direct.

Faite pour rouler

Cet ensemble moteur-châssis montre toute sa valeur une fois la moto lancée sur la route. Bien qu’un peu lourde (environ 400 kilos, ou près de 900 lbs), l’Eluder est facile à manœuvrer. Bien sûr, à basse vitesse elle a parfois tendance à pencher lourdement vers l’intérieur … mais l’embrayage facile à moduler et l’usage bien dosé du frein arrière facilitent le contrôle.

Parlons-en de l’embrayage. Malgré la masse de la moto et l’imposante mécanique, il est facile à moduler et l’assistance hydraulique fait en sorte que jamais la main gauche ne se fatigue, même lors de laborieuses manœuvres en ville ou à basse vitesse.

À l’autre extrémité du spectre de l’embrayage, les descentes de rapports (downshift) sont assouplies par l’antidribble – si la roue arrière était pour manquer de traction, l’embrayage va glisser de façon contrôlée afin d’éliminer les à-coups et les pertes de traction.

Et pour compléter ce volet, elle est aussi équipée d’un anti-patinage qui intervient de façon fort efficace. Libérez tout ce couple lors d’un démarrage sur une surface imparfaite et vous serez heureux que l’anti-patinage intervienne – je parle ici par expérience !

Elle est équipée de série d’un régulateur de vitesse qui fonctionne à merveille – pratique pour éviter les excès de vitesse !

Êtes-vous Touring ou Sport ?

L’Eluder offre deux modes, ou niveaux, de livrée de la puissance. Le mode « T » ou Touring est probablement celui que la majorité des pilotes utiliseront la plupart du temps. Il donne une livraison souple de la puissance dans toutes les conditions et convient aussi bien à l’autoroute qu’au pilotage sur chaussée mouillée. C’est aussi le mode le plus économique en termes de consommation de carburant.

Le mode « S », comme dans Sport, est quant à lui plus brutal. Oui, oui, brutal. Passez une journée à rouler paisiblement en mode Touring, puis allez faire un tour en mode Sport. On dirait une moto tout à fait différente ! On comprend encore mieux l’utilité de l’anti-patinage ! Dans ce mode, vous verrez les tours monter rapidement. Tellement que vous trouverez probablement que les rapports de la transmission sont un peu courts – le limiteur de régime arrive vite, très vite. Ce mode doit être réservé aux pilotes avec de l’expérience et un bon jugement …

J’en prendrais encore.

Nous ne nous sommes pas attardés dans cet essai à faire le tour complet des technologies de divertissement, d’aide et/ou d’agrément à la conduite, malgré que Yamaha fasse la promotion de l’Eluder et de sa grande sœur la Venture en mettant de l’avant la grandeur de l’écran et les multiples branchements technologiques avec des fonctions d’intercom, les branchements Bluetooth et autres.

Tout fonctionne, et très bien. Notre « vieux » pilote d’essai aurait souhaité avoir plus de temps pour se familiariser avec les menus qui gèrent ces dispositifs. Mais tout ce que nous avons essayé a fort bien fonctionné une fois les menus maîtrisés.

L’Eluder est une machine parfaitement classique et résolument moderne en même temps. Yamaha y a réussi une intégration de concepts classiques et de technologies modernes parfaite pour ce type de moto. À la fin de l’essai, je me suis surpris à me dire qu’elle allait me manquer un peu. Il y a quelque chose de réconfortant au ronron d’un gros bicylindre en « V », surtout que celui-ci est parfaitement intégré dans un châssis qui lui sied parfaitement !