L’univers du rallye, du désert, du gravier et de la boue avec Patrick Trahan

Une entrevue différente

Cette entrevue a été très différente de mes autres entrevues, puisque d’habitude on parle de moto de route ou de sport. Moi-même, je n’ai pas eu souvent l’occasion d’essayer plusieurs essais routiers de ce type de moto, aventure ou enduro. Mais il faut en parler, car ça devient de plus en plus populaire. Cette fois-ci, on plonge dans l’univers du rallye, du désert, du gravier et de la boue avec Patrick Trahan, formateur en moto aventure et enduro. Ce que j’ai particulièrement adoré, c’est de pouvoir participer en tant qu’observatrice pendant la formation. Cette formation était exclusivement réservée aux femmes et chacune d’entre elles pouvait avancer à son propre rythme.

Les débuts d’une passion pour Patrick Trahan

Sa passion a commencé très jeune, mais sans être assis sur une moto. Tout a changé lorsqu’un voisin du même âge et de la même école est arrivé dans son quartier. Disons que c’est là que quelque chose s’est déclenché. Le père de son ami était mécanicien et pratiquait la moto, le quad et bien d’autres engins motorisés. « Quand j’ai vu son père sortir avec un enduro, je ne sais pas pourquoi, mais je pense que c’est là que la piqûre s’est faite! Je voyais des motos quand j’étais petit et ça me faisait rêver énormément », raconte Patrick.

Du ski à la moto aventure : le déclic

Patrick était avant tout skieur et n’avait pas de bébelles à moteur. Son père est décédé quand il avait 7 ans, et il n’a pas vraiment connu son frère non plus. Il a grandi seul avec sa mère, et la moto n’était pas du tout dans ses priorités.

Premier essai en rallye : l’accident fondateur

Il a finalement essayé la petite moto CT70 Mini Trail de son ami, et il n’a pas été chanceux puisque, dès la première fois, il est allé droit dans un arbre. Sa carrière de motocycliste s’est arrêtée là, avec seulement une lèvre fendue. Sa mère ne l’a évidemment pas encouragé à continuer après cet accident. Cela a pris du temps avant qu’il ait sa propre moto. Ils vivaient en ville, donc c’était plus compliqué d’avoir accès à des motos pour s’amuser sur les chemins de gravier. Il a fallu 30 ans avant qu’il possède sa première moto, mais ce qui l’animait, c’était surtout le rêve du rallye plus que celui d’avoir une moto. Oui, c’était cool d’en avoir une, mais avec l’université, la passion n’était pas encore assez forte pour prendre toute la place. En revanche, le rallye le motivait vraiment, surtout le Dakar!

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Révélation et cap vers le rallye

J’étais très curieuse et je lui ai demandé : « Mais pourquoi est-ce que ça vous accroche tant, le rallye? » Qu’est-ce qui l’a fait découvrir ce monde d’aventures?

Il a découvert le rallye en revenant d’Europe après un voyage de ski. À l’aéroport, ils ont croisé un gars tout habillé en équipement de moto. C’était vraiment étrange! On lui a demandé quel était son trip et il a raconté qu’il revenait du Dakar. Ils ne savaient pas du tout ce que c’était. Il a partagé son histoire passionnante. Il était là parce qu’il venait d’abandonner et reprenait l’avion. À l’époque, il fallait se débrouiller seul. Aujourd’hui, ils ne te laissent plus comme ça. Patrick a trouvé son récit fascinant. De retour au Canada, il a vu passer ça à la télé : le Dakar! Et là, il s’est dit : un jour, je vais faire ça! 

Tout est parti de là, encore plus que de la moto. Sa première moto, il l’a achetée uniquement pour le rallye, sans jamais avoir roulé avant. Il l’a mise dans une boîte et est parti faire le rallye. Il avait fait un peu de motocross, donc il savait quand même changer de vitesses, il conduisait déjà manuel. Il faisait aussi du vélo de montagne, du ski de descente, et il n’était pas peureux. Tout ça l’a aidé à apprendre vite. Mais il n’avait aucune expérience en enduro ni dans le désert.

Rallye Dakar : objectifs, apprentissages et réalités

Moi, j’étais complètement captivée par ce qu’il venait de raconter.

Le rallye Dakar est le plus grand rallye au monde. Il existe depuis 1980 et se déroule sur une dizaine de jours, avec 10 à 12 étapes d’endurance. Le but est d’obtenir le meilleur temps, car c’est une véritable course. 

On utilise un Road Book et on peut y participer en moto, auto ou camion. Environ 400 personnes y prennent part chaque année. Avec plus de 20 ans de moto à temps plein, Patrick est un grand passionné de rallye-raid. Il a participé au Paris Dakar à trois reprises, terminant 55e en 2010. 

Il a également pris part à 14 autres rallyes internationaux, incluant l’Égypte, le Maroc, Dubaï, la Thaïlande, le Mexique, la Grèce et l’Albanie. Il y va encore aujourd’hui, mais comme travailleur pour le Rallye du Maroc ou le Dakar.

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Touareg Aventures : la naissance d’une école de moto aventure

Il travaille maintenant comme coach pour sa propre école de formation en moto enduro et aventure, Touareg Aventures

Tout a commencé pendant la pandémie, il cherchait quelque chose à faire et l’idée lui est venue de donner des formations. On était limité à six personnes, il a donc trouvé un site où il faisait déjà du ski. 

Il a lancé son site Web, annoncé ses formations. Tout a pris forme grâce à l’aide de bonnes personnes. Il donne environ 150 formations par année, ce qui porte son total à près de 450 formations réalisées.

Une approche unique à la formation en moto aventure

Pourquoi les motocyclistes apprécient-ils ses formations? Il a une approche sympathique et les gens lui font confiance. Il a de l’expérience en moto aventure et aime transmettre ses connaissances de manière pédagogique.

Patrick Trahan : un homme de gravelle

Il a confié qu’il est rarement sur les routes d’asphalte. Pourquoi? Tout simplement parce qu’il n’aime pas ça! Ça ne le fait pas triper. Ça ne le dérange pas d’y aller, mais il préfère de loin le hors-route. Il répond : « Je suis un gars de gravelle et de garnottes, c’est certain! » Il a travaillé pour Honda Canada pendant 10 ans et a souvent fait des démonstrations moto pour son travail. Son job, c’est de faire de la moto! 

S’il a le choix entre une moto de route, une Goldwing, par exemple, une sportive ou un enduro, il choisira toujours l’enduro et ira dans le bois. L’été, il est très occupé avec ses cours, sa compagnie et le Rallye de Parent. Quand il a un peu de temps, il part trois jours seul dans le bois à moto. C’est un peu ses vacances. Il aime aussi rouler sur les chemins forestiers vers La Tuque et Trois-Rivières.

Son endroit de rêve?

J’étais curieuse de connaître son endroit de rêve pour faire de la moto, un lieu où il n’était encore jamais allé.
Il a répondu : l’Australie. Il a parcouru plusieurs continents, traversé des déserts, comme le Sahara, le Maroc, le Chili, la Tunisie, l’Égypte et l’Arabie, où il a travaillé en camion dans les dunes. Il lui reste trois destinations de rêve : la Namibie en Afrique, la Mongolie en Chine et l’Australie.

Les conseils pour de Patrick Trahan pour débuter en moto aventure

Pour aider les nouveaux motocyclistes, que propose-t-il pour être en sécurité, quelque chose qu’il fait lui-même?
Ça commence par être bien équipé, c’est sûr! 

Il recommande aussi de préparer son trajet à l’avance. Souvent, ceux qui font de la moto aventure se blessent ou brisent leur moto parce qu’ils partent sans préparation et qu’ils ne savent pas où ils vont. 

C’est crucial d’avoir de l’expérience quand on s’engage dans des chemins forestiers. Il faut s’assurer que le parcours correspond à son niveau, surtout quand on roule en groupe. Un bon moyen de communication est aussi essentiel : on peut se perdre, se blesser ou souffrir du froid.

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Les motos de Patrick

Patrick possède une KTM 950, sa moto personnelle, et un motocross Honda converti en moto enduro. Depuis 2025, il est ambassadeur pour CFMOTO Canada.

D’autres passions

Patrick nourrit d’autres passions : l’informatique, qu’il a étudiée à l’université ; le ski et le vélo de montagne, pour lesquels il manque de temps ; et le snowbike, qu’il aimerait pratiquer dans l’Ouest. Il aime aussi relever des défis en préparant des rallyes. Patrick confie : « Moi, je vis de ma passion! »

La philosophie de vie de Patrick

Je ne pouvais pas oublier ma question que je pose à tous les passionnés de moto : une phrase qu’ils ont entendue dans leur vie et qu’ils appliquent souvent, ou qui les aide à avancer. Patrick a répondu immédiatement : c’est facile!

Sa devise, il la garde en tête depuis 20 ans. C’est quelqu’un d’autre qui la lui a dite. Elle l’aide quand il roule à moto, quand il fait du rallye et dans la vie de tous les jours. 

« On arrive toujours au binois. » 

Cette phrase signifie revenir à la maison ou à la base, là où se retrouvent la famille ou les participants d’un rallye.

Quand on fait du rallye, on se retrouve souvent coincé dans la boue ou le sable, et parfois on veut abandonner. Même quand on pense que ça n’a pas d’allure, il faut juste garder le moral et se rappeler qu’on va toujours arriver au binois! 

S’il ne connaît pas le stress, c’est qu’il applique cette philosophie dans toute sa vie. Pour lui, ça n’existe pas puisque, de toute façon, on finit toujours par arriver au binois. Si on est en rallye et que la roue s’arrache, on ne va pas rester planté là à sucer son pouce! (Hihi! J’ai bien ri!) On se retrousse les manches et on fait les réparations nécessaires.

“Toujours au binois” : mentalité rallye

C’est une belle manière de rester en mode solution dans l’instant présent et de s’en sortir. On va tous finir par arriver au binois!


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