Un après-midi à Vegas en moto : Parce que tout ce qui se passe à Vegas ne doit pas être secret !
À Las Vegas à l’occasion d’un mariage (l’enterrement de vie de garçon, la noce avec Elvis etc…), je me suis retrouvé en janvier, presque sur un coup de tête, dans la ville du vice, une ville démesurée et d’excès, au beau milieu du désert. Je ne suis pas joueur, le Grand Canyon j’ai déjà vu, on peut magasiner au Québec, et on est en janvier…
Pourquoi ne pas profiter d’un après-midi pour aller rouler à moto dans le désert.
Préparation / Location
Bon je l’avoue, je m’étais quand même un peu renseigné en avance, en ayant vérifié les sites web des différents locateurs pour avoir une idée des prix, de la distance avec l’hôtel, les types de moto. J’avais finalement opté pour 2 possibilités, un concessionnaire Triumph (pour me louer une Tiger, ou une Bonneville au look ancien) ou la chaîne de location EagleRider qui loue principalement des Harley Davidson pour rouler à l’américaine (ils ont plusieurs modèles, dont des Trikes).
Il était possible de réserver en avance en ligne, mais comme la journée n’était pas clairement décidée de mon côté, j’ai préféré prendre le risque et arriver en ville avec les coordonnées. Donc, le vendredi matin, très tôt après une courte nuit, j’ai contacté les 2 endroits par téléphone et je suis tombé sur des boîtes vocales sur lesquelles j’ai laissé mes coordonnées. J’ai fourni mon numéro de cellulaire, il y a des frais, mais pour quelques dollars j’étais certain de ne pas rater le retour l’appel. Eagle Rider m’a contacté en premier et je m’informe : Avez-vous des motos disponibles ? Quel type pour 2 personnes ? Combien ça coûte ? Fournissez-vous les casques ? Avez-vous des manteaux ? Quelle est l’adresse ? (j’avais tout en main de mes recherches, mais je désirais éviter les surprises). C’était donc réglé, on monte dans le taxi et on se dirige au concessionnaire (15$ de taxi à partir du Mirage).
C’était donc en Harley qu’on aller rouler !
Nous avions le choix entre un HD RoadKing et un HD StreetGlide, nous avons opté sans raison particulière pour le Road King. Le coût de base était de 149$ pour 24h (km illimités), auquel on ajoute 10$ par manteau, les assurances et les taxes. Les casques sont fournis mais disons que la diversité est limitée. Il y a plusieurs options d’assurance : Sans assurance (non recommandé) avec un dépôt sur carte de crédit de 2500$, assurance de base à 29$ avec un dépôt sur carte de crédit de 2500$ et une autre option à 19$ de plus avec un dépôt à 1000$. J’ai opté pour la totale, pour éviter tout problème et limiter ma responsabilité à 1000$. La location complète a coûté au total 240$ américains.
Une fois le tout signé, on attend quelques minutes et un grand colosse arrive et nous demande ce que je conduis à la maison, je réponds un peu intimidé « une Yamaha FZ8 mais j’ai déjà conduit autre chose » et il me répond « je vais te montrer comment ça marche » (avec une attitude plutôt impressionnante mais sympathique en son genre). Et nous étions prêts, il était 10h30 et c’était une superbe journée ensoleillée à Vegas !
La « ride »
Le plan initial ; se promener dans le désert, aller voir Hoover Dam (barrage hydro-électrique dans le désert, celui qui est détruit dans un vieux Superman), revenir vers Vegas et aller se perdre dans la ville et revenir pour l’enterrement de garçon vers 16h… l’horaire a changé mais nous avons réussi.
Direction la Californie
En sortant de la location de moto en prenant bien soin de ne pas échapper la moto devant le colosse, nous avons pris l’autoroute 15 direction sud, vers la Californie. Habituellement nous évitons les autoroutes en moto. Mais dans le désert, avec les montagnes de chaque côté, la route sans trafic avec une limite de 75 MPH (120 KMH), on y trouvait notre compte ! Le paysage était insensé, nous roulions dans le désert sur une grosse Harley, du Nevada vers la Californie.
Après environ une quarantaine de minutes de route, nous nous sommes arrêtés à Primm, une ville juste avant la frontière du Nevada, afin de manger une bouchée et de déterminer la suite du trajet vers Hoover Dam sur notre bonne vieille carte format papier. Il y a à cet endroit un casino à l’ancienne : Buffalo Bill's Resort & Casino.
La stratégie était simple, ne pas revenir sur nos pas et passer par la Californie. Pourquoi ?
Parce que c’est cool de dire qu’on est allé virer en Californie !
Direction Hoover Dam
Nous avons repris la 15 sud, et sommes entrés en Californie. Quelques km plus loin, nous avons pris la route 164, direction est, vers Nipton. La route 164 est une petite route de désert, à une voie de chaque côté.
Pour tout dire, c’est un réel dépaysement, la route d’une couleur rougeâtre, les montagnes désertiques devant et derrière nous, la désert de chaque côté, avec cactus, roches, vieilles maisons au look abandonné mais pourtant habitées…
C’est ce que nous recherchions, nous étions dans le désert. Il n’y avait pas beaucoup de défis techniques, une route très tranquille mais combien intéressante. Après une heure environ, nous avons rejoint l’autoroute 95, qui nous permettait de remonter vers Hoover Dam. Encore une fois, le même paysage, seuls sur la route, le désert de chaque côté, environ 90 miles à faire, c’était franchement super, nous dévalions la route !
Pour se rendre au barrage, il faut traverser une ville qui s’appelle Boulder City. Il s’agit d’un petit village aux allures de village de plaisancier. Le barrage a créé d’énormes étendues d’eau et les sports nautiques sont très présents. Il semble y avoir quelques pubs et petits restaurants, on peut y planifier un arrêt pour manger une bouchée.
La route se poursuit ensuite vers le barrage, les indications sont très claires et il suffit de les suivre. Il y a bon nombre de dénivellations, des courbes prononcées à travers les très hautes parois rocheuses d’un rouge intense pour finalement arriver au barrage. Honnêtement, il ne semble pas si grand mais il est implanté dans la roche. Il y a un poste de contrôle à l’entrée qui vérifie l’ensemble des véhicules motorisés (sûrement pour prévenir les actes terroristes) mais en tant que motocyclistes, nous avons eu droit à un salut militaire en guise de fouille et nous avons poursuivi notre chemin. Comme quoi on fait confiance aux pilotes de Harley Davidson!
On roule ensuite sur le pont pour se rendre de l’autre côté et pouvoir prendre une pause. D’ailleurs, de l’autre côté, on se trouve en Arizona. Parce que c’est aussi cool d’aller dans un autre état, de dire que après la Californie on est allés virer en Arizona, surtout que ce dernier est dans un autre fuseau horaire.
Nous sommes arrêtés le temps de prendre quelques photos, le temps aussi de se faire crier par un vieille homme en voiture qu’il était jaloux de ma moto (il n’est pas obligé de tout savoir, la location et le reste…) et nous sommes repartis.
Le temps filait et je voulais absolument aller faire la « Strip » (LA rue de Vegas) en moto.
Retour vers Vegas – par la Strip
Il y avait plusieurs chemins pour revenir à Vegas, mais nous étions un peu pressés par le temps. Nous avons pris le chemin le plus simple – la route 93 direction ouest, et ensuite la 215 direction Vegas. Une route d’environ une quarantaine de minutes qui s’est déroulée à merveille. Encore là, cette fois-ci, une bonne densité de véhicules, mais pas de trafic. Nous sommes ensuite sortis pour prendre le Las Vegas Boulevard (la « Strip ») vers l’action !
En roulant vers le nord sur cette route, vers les hôtels, nous sommes arrêtés à côté de la célèbre affiche « Welcome to Fabulous Vegas Sign » (cette affiche est indiquée dans les GPS sous ce nom). Il faut faire un virage en « U » quand on arrive du Sud pour y aller, mais c’est un incontournable, il faut une photo avec cette affiche. Après avoir pris nos photos, j’ai permis à une dame asiatique de prendre ses enfants en photos avec ma Harley (encore une fois, elle n’est pas obligée de tout savoir).
Et ensuite, nous nous sommes aventurés sur la fameuse « Strip ». Cette route, on la voit souvent dans les films et on la marche quand on est à Vegas. Mais la faire en moto est un autre plaisir complétement. Il s’agit d’une façon unique de voir Vegas et de constater la démesure; je le recommande grandement. On y circule très bien, mais il faut être très attentif en raison des autres véhicules, mais aussi des piétons. Une fois que nous en avions vu suffisamment, nous avons tourné à gauche et avons repris l’autoroute 15 pour revenir au centre de location. De là, ils ont repris la moto et sont venus nous reconduire à l’hôtel… il était 15h30 hres, c’était la fin de cette courte mais intense aventure.
En conclusion
Nous avons fait près de 300 km entre 10h30 et 15h30, en arrêtant manger et en faisant quelques arrêts photos. Nous avons vécu la route dans des paysages désertiques, avons constaté l’immensité de l’ingénierie humaine et la folie de Vegas. Tout ça en roulant en plein soleil sur une grosse Road King. La moto était idéale pour la portion d’autoroute, le désert (90% de la randonnée), j’aurais préféré une plus petite et maniable sur la « Strip », mais somme toute c’était parfait. Le seul regret est peut-être de ne pas avoir pris assez notre temps et de ne pas avoir assez préparé les itinéraires d’avance, mais bon, il y a aura une prochaine fois.
Nous aurions pu prendre l’hélicoptère et aller au Grand Canyon ou jouer au blackjack tout l’après-midi. Mais je suis certains que nous n’aurions pas pu apprécier autant notre voyage sans cette randonnée de moto, au mois de janvier, pendant qu’il faisait -30 au Québec.
La suite du voyage, eh bien elle doit rester secrète (« What happens in Vegas, stays in Vegas ») !
Quelques trucs en vrac
- Pour les gens qui se débrouillent moins bien en anglais, faire la réservation en avance avec quelqu’un qui comprend l’anglais, pour comprendre comme il faut et s’assurer d’avoir une belle expérience. Prenez en note sur des papiers les informations, pour les montrer si vous avez des difficultés à les mentionner.
- À l’aéroport il y a plusieurs endroits avec de dépliants, y prendre une carte routière gratuite du Nevada et de la ville est très utile.
- Lors de la réservation de la moto, vérifier s’il n’y a pas un système de transport pour vous prendre à votre hôtel ou pour vous faire livrer les motos. C’est une façon d’économiser le taxi.
- Penser à apporter dans vos bagages des gants, de la crème solaire et des lunettes soleil pour rouler.
- Prévoir un sac à dos, au cas où la moto n’aurait pas de valise.
- Ouvrir l’œil pour les stations-service en partant du locateur en prévision du retour, il faut rapporter la moto remplie.
- Demander au centre de location des cartes des environs, souvent ils ont déjà quelques tracés pour les touristes, et souvent nous sommes des touristes! Ces cartes sont souvent imprécises mais pointent directement sur des attraits.
- Apporter votre téléphone cellulaire en cas de problème, il y a des frais pour l’utiliser, mais ça peut dépanner, c’est de la mécanique. Sur les papiers de location il y a les coordonnées et les coordonnées d’urgence en cas de problème (ayez aussi vos coordonnées d’hôtel).
- Apporter de l’eau : Désert + soleil + chaleur…
Un aperçu de l'itinéraire est disponible ici:
Carte du trajet sur Google Maps
Texte et photos, collaboration spéciale de Alex Bédard