Le tour de la Gaspésie en 5 leçons faciles

Le tour de la Gaspésie en 5 leçons faciles.

Je n’ai dévoré aucun guide voyage. J’ai à peine questionné quelques habitués. Et vaguement étudié l’itinéraire.

Dans une décision de dernière minute, j’ai préparé des bagages rudimentaires (outils, bobettes et cellulaire) et pris la route.

Première visite de la Gaspésie. Première grosse escapade moto en solo. Première fois que je ne planifiais pas un voyage dans ses moindres recoins.  

Cela ne pouvait que mal finir : je devais apprendre ma leçon ! Finalement, j’en ai appris cinq.

Leçon #1 – Le Nouveau Brunswick n’est pas une option acceptable

Mon voyage a bien mal commencé. Mettons les 5 premières heures. J’avais choisi de passer par le flan Nord-Ouest du Nouveau Brunswick. La 85 et la 17. Parce qu’elles semblaient jolies. Sur la carte. Je soupçonnais cependant qu’il s’agirait d’un “passage obligé” possiblement très ordinaire. 

Je n’ai aucunement été déçue. 

La 85 est une route. Ne t’attends à rien d’autre. Tu vas te rendre du point A au point B. Mission accomplie. J’avais espoir que la 17 allait être plus audacieuse. Mais pas du tout. Une gigantesque ligne vaguement vallonnée et sans saveur. Pour seule sensation forte, une succession interminable d’affiches jaunes brandissant un danger imminent d’orignaux. 

Ne passe pas par le Nouveau Brunswick pour te rendre en Gaspésie. Jamais. Sous aucun prétexte. 

Heureusement, cette route interminablement ennuyeuse a fini par finir. Et puis voilà, tu embarques sur la 132. Le vent devient plus frais. Tu respires ta première bouffée d’air marin. Puis tu aperçois la première silhouette côtière. Elle apparaît d’un coup. Et là, tu sais que le reste du voyage va juste être magique. 

Leçon #2 – Les "U-turn" sont fortement recommandés

Sur mes 2275 km de traversée, j’ai dû en dépenser un bon 200 à faire des demi-tours pour aller prendre LA photo. Parce que quand tu croises un cliché parfait, tu fais demi-tour et tu files immortaliser ça.

Et il se trouve que la Gaspésie regorge de petits trésors visuels qui te sautent dans la face au détour d’à peu près chaque courbe. Un pont couvert, un phare, une track de chemin de fer, une étendue d’eau. Un trou dans un rocher. 

De toute manière, tous les prétextes sont bons pour prendre une photo de ta moto, quel que soit la nature du décor en arrière-plan. 

Leçon #3 – Les villages relais sont nos amis

Je ne connaissais pas le concept. Je l’ai maintenant adopté. Un village-relais est “une municipalité (…) reconnue par le ministère des Transports qui offre, avec l’aide de ses commerçants, une diversité de services et un lieu d’arrêt agréable et sécuritaire (…) Le concept Village-relais a été développé afin de réduire les effets de la fatigue au volant et ainsi améliorer la sécurité sur les routes”. (https://www.villages-relais.qc.ca/villages)

La Gaspésie en compte sept : Amqui, Cap-Chat, Chandler, New Richmond, Paspébiac, Pointe-à-la-Croix et Saint-Maxime-du-Mont-Louis. 

Et pourquoi sont-ils importants ? En Gaspésie, les villages sont nombreux. Charmants. Pittoresques. Colorés. Et nombre d’entre eux se traversent en 37 secondes tapantes. Pouf. Ce qui se traduit, la plupart du temps, par une absence des services élémentaires. 

Alors quand on t’annonce un village relais, tu prends ça au sérieux. Tu t’arrêtes, tu achètes ta bouteille d’eau, tu fais le plein de ta moto et toute autre vivre essentielle à ta survie de motocycliste.  

Leçon #4 – On ne plaisante pas avec les flèches rouges

En provenance de Saint-Anne-des-Monts, je roulais tranquillement sur la 132 Est en direction de Percé. M’émerveillant de si beaux paysages. Une falaise abrupte et aride à ta droite, l’eau à l’infini à ta gauche, et des collines découpées dans le ciel à chaque détour. Les courbes sont tout en douceur. Pour laisser l’emphase sur le décor. Juste délicieux. Par la suite, les courbes s’intensifient et les virages s’enchaînent à un rythme agréable.

Et puis c’est arrivé. 

Et je ne m’y attendais pas du tout. 

À l’apparition des premières pancartes aux grosses flèches rouges annonçant un virage serré, je ne me suis pas vraiment inquiétée. Il faut dire qu’au Québec, ces pancartes sont souvent utilisées à tort et à travers et la courbe ne s’avère pas si pire que ça en fin de compte. 

Au Québec. 

En Gaspésie, on ne plaisante pas avec les flèches rouges ! 

Ça m’a coupé le souffle au premier passage … j’ai donc fait demi-tour dès que possible pour la refaire en sens inverse … et une troisième fois pour être bien sûre ! L’intensité des courbes est vertigineuse. Un régal !

Leçon #5 – Le trou dans le Rocher n’est plus un secret

La photo devant le Rocher est obligatoire. On s’entend. On est tout de même en Gaspésie. Mais il est des secrets mieux gardés et plus enchanteurs qu’un trou dans un rocher. Exemple : la Chute de la Rivière aux Émeraudes (également appelée Rivière aux portage).  Véritable petit joyau dans le fin fond d’un sentier à peine signalé, ce lagon te ravira par sa simplicité et son charme naturel.

Comment s’y rendre ? Sur la 132 entre Le-Grand-Mare et Coin-du-Banc, prends le Chemin des Carrières. Il faut se rendre jusqu’au bout de la carrière et le stationnement se trouve dans un cul-de-sac, en plein milieu d’un champ de terre battue. Tu auras à emprunter un sentier de terre agrémenté d’escaliers de fortune et au terme d’un bon 15 minutes d’une bataille effrénée avec les moustiques, la Chute se révèle. 

L’endroit idéal pour s’offrir une pause exotique. Relaxer. Prendre le temps de prendre le temps. Et même se saucer les pieds (et le reste) si le cœur te dit. 

Épilogue : OK, mais est-ce que la Gaspésie en vaut la peine ? 

Évidemment ! On parle de la Gaspésie là !