50 ans de Monocross: Parce qu’un peut être supérieur à deux!

La vaste majorité des motos modernes, qu’il s’agisse de modèles hors route ou de route, sont munies d’une suspension arrière équipée d’un seul amortisseur. Véritablement, à l’exception de modèles à vocation et image plus « traditionnelles », la configuration mono amortisseur est la norme aujourd’hui, mais cela n’a pas toujours été le cas.

La période A.M.*

Comme vous pouvez l’imaginer, à ses humbles débuts, la moto était un vélo à moteur.  Il va de soi qu’à cette époque, il y a plus de 100 ans, la notion même de systèmes de suspension ne s’était pas réellement concrétisée dans la tête des concepteurs.  L’évolution a fait son travail et de nombreuses versions de système de suspension, autant avant qu’arrière, sont apparues. Du côté des suspensions arrières, la tendance évoluait vers un bras oscillant muni de deux amortisseurs, un sur chaque côté, monté entre le bras et le cadre de la moto.

*« Avant Monocross » 

Phil Vincent sème une graine

Alors que la majorité du monde migra vers une disposition plus traditionnelle de la suspension arrière au début du 20e siècle, en 1928, un jeune étudiant en ingénierie, le britannique Phil Vincent, a fait route à part en inventant (et brevetant) la « suspension cantilever Vincent ». Une suspension qui, bien qu’elle gardait l’essentiel d’un bras oscillant et deux amortisseurs, était disposée différemment.

La suspension arrière brevetée par Phil Vincent (et utilisée sur les motos de la marque qui portait son nom) était constituée de triangles verticaux parallèles qui s’étendaient chaque côté de la roue arrière. Cette unité en cantilever était pivotée en bas sur le cadre arrière de la moto, le haut étant fixé à deux amortisseurs télescopiques à ressorts, la pointe extérieure des triangles étant fixée à l’axe de la roue arrière. Ce design disparut alors que Vincent H.R.D. ferma ses portes en 1955.

Lucien Tielgens à la rescousse

Le concept de base de la suspension arrière à bras oscillant de deux amortisseurs continua à évoluer, mais certaines lacunes commencèrent à apparaître, notamment (et sans grande surprise), sur les circuits de course.  Premièrement, les deux amortisseurs, aussi soigneusement calibrés qu’ils puissent être, ne performent pas de façon identique, chose qui crée un stress et une flexion au niveau du bras oscillant. Deuxièmement, le ratio de mouvement entre la roue arrière et la course de l’amortisseur était très rapproché, chose qui avait pour effet de limiter la croissance dans la course de la suspension arrière, et d’autre part, faisait surchauffer les amortisseurs en conditions plus exigeantes.  Un professeur d’ingénierie belge nommé Lucien Tielgens a su reconnaître ces limitations et a pondu un design de suspension arrière qui, selon lui, surmontait ces déficiences.

La célèbre OW40 1979 d’un certain Bob Hannah. Dans les années 1977-1979, le « Hurricane » a dominé le motocross aux É-U, et ce dans toutes les catégories qu’il a roulées.  Tielgens n’avait peut-être pas tort…

Un moment déterminant pour Tielgens et Yamaha

En 1972, alors que Yamaha fit ses débuts en compétition de motocross dans le circuit du championnat mondial du FIM, le fabricant cherchait un avantage qui lui permettrait de faire une percée et le catapulter au haut du podium. Voilà que l’invention de M. Tielgens est venue aux oreilles du directeur de l’équipe de course de Yamaha. De ce fait, après quelques discussions et essais, Yamaha acheta le brevet, donnant ainsi naissance à la nouvelle (et révolutionnaire) suspension arrière baptisée Monocross. Les retombées positives de ce mariage se sont vite concrétisées et Yamaha (et Hakan Andersson) remporta son premier championnat du monde en motocross en 1973 dans la catégorie 250 cc avec sa célèbre YZM250.

Conception des motos électriques Can-Am : Pulse et Origin
Les premiers modèles de série à être munis de la suspension Monocross (parfois connue sous le nom Monoshock également) ont été les motocross YZ en 1975. Alors que l’arrivée de cette nouvelle suspension a épaté la galerie, le positionnement de l’amortisseur à l’intérieur de la colonne dorsale du cadre (soit directement au-dessus du moteur) s’est avéré problématique en raison de la surchauffe de l’amortisseur (ou plutôt de l’huile à l’intérieur). Yamaha a mis fin de façon définitive au problème en 1980, passant à un amortisseur plus court (et positionné plus vers l’arrière, donc plus loin de la culasse du moteur ) muni d’un réservoir détaché.

Motos de compétition

Les motos de compétition sur piste asphaltée ont pu ensuite profiter à leur tour des avantages apportés par la nouvelle suspension et c’est en mi-saison en 1974 que Yamaha lança sa célèbre OW23. Photo: OW23, vignette: pilotée par le célèbre Giacomo Agostini, Yamaha remporta le titre en GP 500 en 1975, son premier titre dans la catégorie reine. Face aux exigences élevées qui existent en compétition sur asphalte, la triangulation du bras oscillant arrière, une nécessité pour la configuration de la Monocross, et la majoration de rigidité que celle-ci apporte se sont avérées un avantage important comparativement aux designs conventionnels utilisés par la concurrence.

Et aujourd’hui? 

La configuration originale de la suspension Monocross demeure en service sur seulement deux motos de débutants hors route (TT-R 110 et TT-R 50) chez Yamaha en 2023. Toutefois, l’arrivée de la Monocross sur la scène il y a 50 maintenant a ouvert les yeux à l’industrie entière aux avantages offerts par une suspension arrière à un seul amortisseur.  Ce faisant, cela a ouvert la porte à l’introduction de nombreuses autres suspensions arrières de type mono-amortisseur dans les années qui ont suivi. À suivre!

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